L’Asbl a, dans un premier temps, été créée dans un souci de faire partager notre passion de l’histoire en mettant en scène les évènements du passé par le biais de la reconstitution historique. Le but étant de toucher un large public en lui donnant l’envie de se questionner sur une époque qui présente bien des similitudes avec notre présent.
Puis nous nous sommes vite aperçus que les reconstitueurs des évènements tragiques liés au second conflit mondial ne privilégiaient souvent que l’aspect purement militaire et commémoratif de cette période. Avec notre expérience précédente dans la reconstitution, nous voulions aussi nous axer sur le vécu et le regard, sous l’occupation, des populations civiles et sur les actes de résistance contre l'occupant ainsi que leurs conséquences.
Notre cheminement nous poussait également à aborder la thématique des massacres, déportations et déplacements de toutes formes qu’on eu à subir des populations civiles selon leurs appartenances ethniques ou religieuses. A une époque où l’extrême droite, le racisme et le repli sur soi reviennent en force, les thèmes repris ci-dessus nous apparaissaient comme un travail de mémoire éminemment nécessaire pour susciter la réflexion auprès des jeunes générations. Lors de nos prestations, nous avons vite constaté que même dans des tranches de populations plus âgées, et ce malgré les efforts faits précédemment dans ce domaine, le chemin était encore très long et les lacunes encore très nombreuses. L’histoire bégaie lorsqu’elle énumère la triste liste des génocides et massacres qui ont suivis la fin du dernier conflit mondial et notre réflexion s’est vite orientée vers la volonté de mettre en parallèle le débat sur les massacres de masse actuels et la froideur avec laquelle les nazis ont mis en œuvre leurs épurations ethniques.
Notre but est de déclencher le débat en mettant le public en situation à travers un contexte historique afin de les aider à décrypter et à réfléchir sur quels auraient été leurs réactions et leurs actes face à un régime totalitaire. Auraient-ils eu le courage de résister, la lâcheté d’écrire une lettre de dénonciation ou l’indifférence et ne rien faire ? Les préjugés, le rejet vis-à-vis de l’autre peuvent-ils être débattus et analysés ? Comment identifier les passerelles entre la Shoah et les autres génocides ou crimes de masse ? Le rejet de celui qui est différent peut-il justifier son anéantissement ?
Et moi, qu’aurais-je fais ?
Les témoins disparaissent et notre souhait est également de pouvoir leur rendre le plus bel hommage en continuant à raconter leurs expériences à travers leurs écrits qui ont le triste privilège de rassembler l’éventail le plus large d’atrocités que des êtres humains peuvent infliger à d’autres. Ne rien cacher de leur calvaire et témoigner de ce qu’ils ont vécu dans des moments d’entraide mais aussi dans leur lutte de tous les jours pour leur survie et où la compassion pour les autres n’avait parfois que peu de place. Connaitre l’histoire peut aider par l’intermédiaire de toutes formes de témoignages, photos et autres supports à mieux comprendre les évènements récents pour essayer de ne plus répéter les erreurs du passé.
Dans ce cadre, notre projet vise aussi à sensibiliser en faisant appel, dans un contexte historique, à des mises en scène incluant le public et ce par l’intermédiaire de jeux de rôles, d’expositions, d’extraits de témoignages de déportés politiques ou pour appartenances raciales et ce de façon à susciter l’intérêt et l’attention par une leçon plus vivante. Aider aussi en proposant aux enseignants un choix de livres, films et documentaires, peut-être moins connus, mais qui sont représentatifs des faits abordés et qui par leurs aspects plus affectifs peuvent provoquer de l’empathie car les préjugés existent toujours malheureusement.
Notre but est aussi d’aider à analyser et décrypter les signes précurseurs qui ont conduit à de telles dérives. L’Allemagne ne s’est par réveillée fachiste en un claquement de doigt.
La défaite militaire, la fin de l’Empire, les troubles socio-économiques et politiques graves et la signature du Traité de Versailles de 1919 frappent l’Allemagne de plein fouet et la fige dans une situation de détresse économique totale. Les conséquences de la Grande Guerre et du Krach boursier du 1929 sont catastrophiques. Crise économique amplifiée par les réclamations des Alliés, l’occupation du bassin de la Ruhr, la dévaluation, le chômage galopant, le taux de suicide qui s’envole et le climat de guerre civile sont les creusets du nazisme. Ne l’oublions pas au risque de le revivre !
« Les hommes de toutes les époques se ressemblent : l’histoire n’est pas utile parce qu’on y lit le passé, mais parce qu’on y lit l’avenir »
Jean-Baptiste Say